En quête de mémoires partie 2/Le "commencement"/ les cœurs gelés (Oméga Demoriado, Alpha Demoriado, Hécate Evans et peut être Oceki)

Hécate découvrit la paysage, étrange, des lieux. La glace omniprésente ne l'étonnait plus, elle s'était habituée à ce monde duveté par le froid, la neige. Le palais se discernait peu à peu, il était plutôt beau, mais l'architecture n'était pas à son goût.

Oméga ne disait rien pour l'instant, que d'ennui.

Les deux jeunes femmes approchaient du palais qu'elles pouvaient distinguer au loin. Un immense palais fait de pierres et de glace où autrefois se trouvait cet endroit, un petit village.

*Enfin de retour à la maison... Elle m'avait manquée! Tant que j'y suis, je ferais mieux de prévenir Alpha de notre arrivée.*

Tout en continuant de marcher, Oméga informait le jeune homme qui se trouvait dans le château de leur arrivée imminente. Une fois ceci fait, elle se mit à parler:

-Mademoiselle Evans, il ne doit pas rester plus de cinq minutes à marcher avant d'arriver à destination, j'ai prévenu mon supérieur de notre venue, les portes du palais devraient être ouvertes à présent. Si ce n'est pas le cas, nous devront attendre un peu, le palais est grand et s’orienter n'est parfois pas facile même pour nous.

Ayant reçu un second message d'Oméga, Alpha quitta la salle où se trouvait le "commencement". Depuis peu une voix pouvait se faire entendre et le jeune homme allait enquêter sur cette mystérieuse voix enfantine qui, fredonnait quelques mélodies d'une chanson inconnue. Alpha pris deux des Demoriado qu'il trouva dans les couloirs, ceux-ci râlant que c'était leur jour de repos et qu'ils n'avaient du coup pas envie de travailler.... Il ouvrirent les grandes portes, trop lourdes pour un seul être puis, repartirent à leurs activités. Seul Alpha restait devant la porte, apercevant les deux silhouettes qui s'approchaient petit à petit...

En avançant tout le long, Hécate pu apercevoir une ombre au loin, et peu à peu, il se révéla être un autre être étrange, semblable à une Oméga au masculin. Son supérieur ? Lui ? Peut-être, elle n'en avait que faire, elle devait juste vérifier l'état d'Oceki.

En y pensant, si ces Demoriados pouvaient avoir du mal à se repérer ici, ce n'est pas étonnant qu'ils fassent d'aussi grosses erreurs, au point de plonger leur propre maîtresse au coma. Hécate était stricte là-dessus, elle-même dirige tout une partie du royaume des morts, elle n'aurai jamais permis ce genre de stupidités.

"Aller, vite, je n'ai pas que ça à faire, je dois aussi aller voir Lucius." Pensa-t-elle en soupirant.

-Mademoiselle Evans.... N'en voulez pas à mes frères et à mes sœurs de ce qui s'est passé.... Tout est, ma faute. C'est moi qui les ait poussé à faire cette sottise pure....

La Demoriado parlait comme si elle pouvait sentir ce que l'autre jeune femme pensait, ce n'était toutefois qu'un pressentiment, une impression. Baissant la tête, ses yeux disparaissant sous sa frange, la température ambiante chuta soudainement. Oméga resta comme ceci jusqu'à être arrivée à une vingtaine de mètres d'Alpha qu'elle n'avait pas tout de suite remarqué. Elle leva la tête et remarqua le Demoriado qui la fixait, des larmes tombèrent sur ses joues et elle commença à courir vers le jeune homme avant de se jeter sur lui. Oméga en avait presque oublié la présence d'Alith.

-Alpha! Ça fais si longtemps!

Le comportement de la jeune femme avait totalement changé, on aurait dit un enfant qui se ruait sur un petit animal qu'elle n'avait pas vu depuis des années.

La jeune Demoriado se rua sur Alpha, celui-ci la rattrapa avec adresse puis la posa au sol.

-Alpha! Ça fais si longtemps!

La jeune femme semblait heureuse, des larme dégoulinant sur ses yeux. Alpha ne se retint toutefois pas de lui donner un coup de point sur sa tête, comme la Demoriado ne semblait pas comprendre, Alpha prit un air un peu agacé et autoritaire:

-Idiote! Tu es partie sans prévenir et pendant longtemps puis tu me ramène une personne pour te comporter comme une gamine devant elle! De plus nous avons encore eu un problème avec le "commencement", tu croyais vraiment que c'était le moment de disparaître?

Alpha soupira puis prit un air un peu plus détendu. Il s'approcha de la démone et lui tendit la main pour la saluer

-Bienvenue dans ce palais, ne faites pas attention à Oméga, on dirait qu'elle aime se comporter comme une enfant. Oh mais, suis-bête! Entrez! Le vent d'ici n'est pas tendre et c'est fréquent qu'une tempête se déclenche, nous seront mieux à l’intérieur.

Le jeune home fit entrer l'invitée ainsi que la Demoriado dans une pièce majoritairement blanche ou bleue très pâle dont une faible lueur éclairait avec peine la grande salle.

Hécata regarda l'émouvante, ou pas, retrouvaille des deux Demoriados. En réalité, elle n'attendait qu'une chose, la Maîtresse des lieux, et des glaces, Oceki elle-même. Bien que celle-ci semblait bien mal au point, bien qu'étant puissante, elle pourrait peut-être arrangé légèrement la chose.

"Si elle meurt, j'ai le registre des morts pour changer ça. Si elle a besoin d'énergie, je peux lui fournir ça. Mais...Si c'est autre chose, alors seul Lucius saurait régler le problème. Je ne peux pas l’appeler pour des raisons personnels..."

La scène passée, l'homme des neiges la remarqua, lui souhaitant la bienvenue et surtout, la guidant vers une étrange salle. Peu de lumière, blanc, encore, cette couleur régnait, décidément. Elle s'impatientait, évidemment, le palais est à la hauteur de l'ancienne Maîtresse du Jeu, mais ils ne pouvaient pas se dépêcher ? Elle garda cette gêne pour elle, ne souhaitant pas se disputer et ralentir.

Ayant reçu le poing d'Alpha sur la tête, Oméga sentait encore la douleur. Elle entra évidement dans le palais sans bruit pour ne pas encore se faire remarquer puis, se dirigea vers le grand couloir avant d'y disparaître en courant. Elle passait devant plusieurs salles où, parfois, certains demoriado la regardaient avec haine. S’efforçant à leur sourire, elle entra dans une des pièces, ouverte, puis s'arrêta devant un immense arbre fait entièrement de glace.
Oméga entendit subitement un bruit effrayant faisant trembler les murs et le sol venant de l'arbre, elle frissonna.

-C'est quoi encore cette histoire?! Que ce passe t-il ici?!

Reculant peu à peu, la jeune femme semblait observer une scène peu commune, puis la marque sur son épaule brilla d'une lueur rouge et, celle ci devint douloureuse au point que la demoriado s’effondra sur le sol, tenant son épaule gauche fortement. Elle semblait effrayée.

Oméga disparut subtilement dans l'un des couloirs pendant qu'Alpha, lui, pria l'invitée de le suivre.
Traversant un long couloir mal éclairé grisâtre, triste, dans lequel un silence de mort régnait, il s'arrêta devant une porte où deux demoriado, visiblement des gardes, jouaient aux cartes. Ceux-ci levèrent les yeux et, remarquant le visage énervé de leur chef, le levèrent brusquement et s'excusant, se dirigèrent vers la grande porte, tirèrent sur les bords de cette dernière afin de l'ouvrir.
A ce moment précis, une vibration se fit sentir.

-Ce doit être Oméga, elle doit être devant le "commencement". Marmonnait le jeune homme.

De l'autre côté de la porte, une salle n'était pas éclairée, on n'en voyait pas le bout à cause de l'obscurité mais c'était là.

-Nous y sommes, excusez nous du peu de lumière dans le palais, notre maîtresse n'aime pas ça.

Les yeux des demoriado présent brillaient dans le noir, ainsi, ils arrivaient parfaitement à voir dans l'obscurité qui régnait dans le château. Une autre jeune demoriado apparut derrière le groupe puis, grâce à une certaine magie, alluma le lustre se trouvant au milieu de la pièce sans même le toucher. Saluant son maître ainsi que la démone, elle s'éclipsa. Dans la salle à présent éclairée l'on pouvait y distinguer une jeune fille sur un trône, pâle comme la lune, elle y dormait paisiblement.

-Vous pouvez y....

Alpha n'avait pas fini sa phrase mais une autre secousse se fit sentir, bien plus forte que la première.

-Mais, que fait Oméga bon sang?!

Hécate haussa d'un sourcil à cause des secousses. Elle ne craignait rien, mais des secousses dans un pays tel que les Abysses lui paraissait bien étrange. En effet, elle gardera une image d'un pays vaste et calme, des Abysses. Tout était étouffé par du blanc, aucun bruit sauf le crépitement de la neige sous ses pieds.

Tandis qu'Alpha s'excitait, à se demander ce que faisait Oméga, Hécate avança doucement vers Oceki, dormant paisiblement. Elle voulait l'aider, elle voulait la réveiller, mais comment ? Que pouvait-elle faire, elle était déesse de la Mort, pas celle de la vie, bien que ces deux éléments étaient liés l'un à l'autre. Tout comme l'ombre et la lumière qui malgré leur opposition, ne peuvent exister l'un sans l'autre.

Elle adopta une forme qu'elle avait longtemps scellé et regretté, celle qu'elle était originellement. Celle de la déesse de la mort. Ses cheveux devinrent rosés, tandis qu'elle grandissait. Dégageant une aura mystique.

D'un claquement de doigts, un grimoire s'ouvrit.

- Pourtant, tu n'es pas dans la liste des morts.

Un espace sombre et vide limité par deux murs, deux "écrans" infranchissables... D'un côté, le présent, noir, opaque, brumeux, et de l'autre le passé, mon passé, gris, difforme et triste. Je savais pertinemment de quel côté était la réalité mais je ne pouvais pas me mouvoir là bas. J'assistais en boucle à la même scène, à la même tristesse, à la même solitude et à la mort, sans aucun moyen de m'échapper.
Je ne savais pas combien de temps j'étais ici, des jours? Des années? Peu importe, le temps semblait s'être arrêté du côté du présent. Je commençais encore à perdre pied... Je voulais voir de la lumière, retourner dans la réalité, voir des vivants.
La seule chose qui me rattachais au vrai monde, c'était de sentir les mouvements, la chaleur, l'aura des gens autour de moi, même si je ne pouvais ni bouger, ni voir ou entendre.
J'ai attendu, encore et encore puis, plus rien. Plus aucuns mouvements alentours, tout me semblait désert.
Enfin, à force d'attendre, j'ai ressenti quelque chose, ou plutôt quelqu'un. La personne dégageait une certaine chaleur, je pouvais sentir ses mouvements, sa vie. Ce que je ressentis en dernier fût son aura, à la fois familière et inconnu, alors, dans un dernier espoir, un dernier élan, j'ai tenté de communiqué avec cette personne, non pas par oral, mais j'ai essayé de lui parler par la pensée, alors, je lui ait demandé:

-"Qui êtes-vous?"

— Qui êtes-vous ?

Cette voix résonnait dans sa tête, elle l'avait reconnu, Oceki, sa mémoire commençait à lui revenir. Oceki. Oceki. Pourquoi elle aussi, était-elle perdue ? Toutes les Maîtresses du Jeu ont perdu la mémoire, comme elle ? Non, ça ne pouvait pas se passer, elle avait besoin de ces fragments de mémoire. De les retrouver, les assimiler, de trouver qui était cette "Alith".

— Hécate Evans. Alith, si vous préférez, répondit-elle mentalement.

Tandis qu'elle communiquait avec Oceki par télépathie, son pouvoir de déesse semblait s'éparpiller. Une aura divine l'entourait, la rendant particulièrement impressionnante, tandis que des ailes noires se déployaient, grandes. Les plumes noirs virevoltaient dans la majestueuse salle. Une couronne de ténèbres s'étaient formés. Hécate la déesse était présente, plus la démone, il semblait que cette rencontre avec Oceki l'avait éveillé.

-Hécate.... Bien, s'il vous plait prenez mes mains et fermez vos yeux, j'ai des choses à vous demander...

Je sentais les mouvements provenant de l'autre côté de la barrière qui me retenait entre ces deux mondes... J'essayais de tendre la main pour attraper quoi ce que soit qui me permette de sortir puis, je me résignais, m'asseyant sur le sol désespérément noir. Dans cet espace sombre, ma peau brillait d'un étrange éclat comme si la lumière provenait d'elle. Je me recroquevillais légèrement, attendant que l'autre jeune femme n'advienne à sa requête.
Si nous pouvions communiquer par télépathie à quelques mètres de distance, alors si l'une des deux entrait en contact physique avec l'autre, on pourrait se voir et discuter plus facilement. L'endroit où j'étais enfermée semblait posséder ses propres caractéristiques: le temps semblait s'écouler bien plus vite que dans le "monde réel", ce qui n'avait longuement interpellée car il semblait s'être écoulé des siècles depuis que je m'y suis retrouvée...
Dans un dernier effort, je tendais encore ma main vers l'écran noir et, cette fois, il semblait que j'étais parvenue à la passer au travers.
* Dans le présent, un doigt bougea faiblement avant de se figer...*

- Pas maintenant, il est encore trop dur de passer... Mais que fait Hécate? Cela fait longtemps que j'attends...
(HRP: en réalité le temps même une minute dans le présent semble être des jours où Oceki se trouve)

- Hécate.... Bien, s'il vous plait prenez mes mains et fermez vos yeux, j'ai des choses à vous demander...

A lui demander ? Que pourrait-elle lui demander ? C'était elle, qui avait besoin d'aide, pas le contraire. Elle n'était pas venu ici pour ça, bon sang. Tout ce qu'elle voulait, c'était retrouvé ce qu'elle avait été. Pourquoi le prénom d'Alith provoquait tant d'émotions ? Qui était-elle réellement ? Pourquoi avait-elle créé les Jeux ? Qu'avait-elle subi pour devenir ainsi ? Ces questions la tourmentait, elle souhaitait retrouver cette partie d'elle-même, scellée.

Avec véhémence, elle prit les mains, comme demander par Oceki.

- Alors "Alith", pourquoi êtes vous venus jusqu'ici? Oh et, j'avais oublier de vous remercier... Grâce à vous et à votre venue, la barrière qui me retenait prisonnière s'est brisée.

Elle aussi, l'avait utilisé. Mais elle s'en fichait, Hécate, elle l'avait prévu de faire ça, sans aucuns scrupules. Elle n'avait pas besoin de se lier d'amitié, aucunement besoin de ce genre de choses. Quand la Maîtresse des Glaces fit volte-face, elle soupira tout simplement. Elle n'était pas déçue en soit, ça allait juste la ralentir, encore, et elle avait besoin de ses souvenirs. Elle avait besoin de sa puissance d'autre-fois, l'Elder...C'était elle sa créatrice, et pourtant, si elle pouvait y aller via un portail, elle ne pouvait pas le modifier. Alith. Alith. Ce prénom lui était si familier et éloigné à la fois. Lorsqu'elle dormait, elle pouvait encore apercevoir une petite pâle, à la chevelure ébène seule, le regard vide: néant total. Elle ressentait encore des frissons, à la folie et surtout, à la solitude que renfermait le coeur d'Alith.

Dans le temps réelle, elle grogna, puis en levant sa main, un portail bleuté se créa, et elle s'y plongea dedans, laissant un traînée de plumes noires derrière-elle.